«Nous retrouvons ce départ énigmatique dans une autre série de diptyques qui joue quant à elle sur la fragilité de l’adolescence. Deux photos d’une même maison, avec le même cadrage et la même lumière. Identiques. Seule différence notable, l’une d’elles est occupée par une jeune fille. Présence/absence des plus mystérieuse puisqu’il s’avère impossible d’y lire un quelconque lien entre l’adolescente et ce décor, et que l’identité de l’une et la géographie de l’autre manquent à cette lecture. Mais cette ellipse révèle vite une dimension générique. Ce n’est pas une fille X dans un lieu Y, X et Y ne sont pas réduits à une quelconque parenté et n’illustrent du coup aucune histoire particulière qui limiterait la portée de la composition. Au contraire, en demeurant indéfinies, ces images paraissent évoquer toutes les adolescences. Et leur vacuité, l’indécision de leur présence, une représentation poétique de cet âge trouble, partagé entre l’enfant et l’adulte. A la stabilité de ces murs, de cette nature s’oppose alors cet « être-entre-deux », cette impermanence physique et psychologique, cet état fluvial d’une quête de soi.»

Bertrand Naivin, dans La Belle Revue, Editions In Extenso, printemps 2009.