Portraits de personnes âgées vivant en maison de retraite et de personnes âgées vivant à domicile avec l’accompagnement des Instances gérontologiques
Parfois légèrement mis en scène pour tenter de les révéler davantage, ils sont photographiés dans leur espace quotidien, près des objets qui les entourent. Une petite pièce pour les uns, la maison encore pour les autres. Exposés, ils forment un tout qui induit forcément une réalité.
Ce travail parle de l’identité des personnes, du fait de vieillir chez soi ou pas. Accompagné de textes, il met l’accent sur l’individualité de ces personnes. Marilyne Lagrafeuil, comédienne et initiatrice du projet via la Compagnie Chamboulive, s’est occupée de recueillir les paroles de ces personnes. Elle a par ses questions, révélé parfois : la part de rêve inachevé, la petite part de révolte, la part d’insouciance, la part de ce qu’est vieillir aujourd’hui à tel endroit.
C’est aussi le recueil d’une époque, ces gens d’une campagne assez éloignée de la ville, qui ont vécu simplement pour la plupart, qui ne savent pas bien répondre quand on leur demande « de quoi êtes vous fiers ? »
La série compte 16 photographies 40 x 40 cm ainsi que 15 textes.

» Je suis pas moderne hein, la mémé de 9O ans, elle est pas moderne !
Quand j’étais bébé, on m’avait donnée, j’étais à l’assistance publique et on m’avait abandonnée par la personne qui m’avait mise au monde.
Quand j’étais jeune fille, je sentais en moi que j’étais pas comme tout le monde, surtout à l’école.
A trois mois, y’a une personne un peu âgée qui est venue me chercher et qui recevait de l’argent pour me garder jusqu’à l’âge de 12 ans.
A 12 ans, on était retiré de la personne qui nous élevait et on était placé mais la personne elle m’a gardée un an de plus sans être payée parce qu’à l’école, la maîtresse elle a dit « oh, Emilie, quand même c’est dommage de la retirer, elle est douée, on pourrait peut-être la faire aller au certificat d’étude ».
Après, je suis allée me placer dans une ferme, j’étais malheureuse, j’ai pleuré, je suis revenue voir ma mère, ma mère, enfin, les autres enfants à l’école me disaient « C’est pas ta mère ». Moi je pleurais et elle, elle disait « Mais si, je suis ta mère ». On peut pas raconter, ça s’explique pas, faut le vivre. «















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