Cette série de photographies accompagne les Saynètes anachroniques, pour l’exposition Lunade. Les deux séries fonctionnent en diptyque. Les modèles sont ceux qui « jouent » les rituels de la Lunade en noir et blanc. Ils ont tous un lien avec la Lunade dans leur vie d’aujourd’hui, ce que traduisent leur paroles. Pour en savoir plus sur cette Lunade, voici le site de l’ethnologue Marie-France Houdart. (Tirages 30 x 30 cm impression direct sur alu 2022)

Hélène, prétresse.
« Je me suis engagée dans le chemin de prétresse. J’oeuvre à réhabiliter cette fonction de la femme saccerdocale qui fait le lien entre l’humain et le divin.
Dans les temps anciens, les prétresses officiaient au même titre que les hommes.
Aujourd’hui je fais partie de ces femmes qui réveillent cette fonction, qui proposent des baptêmes, des mariages, qui accompagnent les passages, qui ont ce côté de thérapeute.
Cette lignée de prétresses femmes ne s’est jamais éteinte, elle et en train de renaître. »
Alice, plombière
« Je cherchais un métier concret, où on voit rapidement si ça marche ou pas.
J’étais aussi attirée par le travail du métal, par le cuivre.
Et je ne voulais plus faire d’ordinateur, que ce ne soit pas ma vie.
Je travaille dans des maisons, des appartements, il ya toujours des configurations différentes, c’est ce qui me plait.
Les autres métiers du bâtiment m’attirent moins, la plomberie c’est trop cool, quand tu remets l’eau et que ça coule là où ça doit couler !
Même le chauffage … les gens ont froid, puis quand on part les gens sont trop contents qu’il y ait le chauffage.
Et puis tu peux pas partir comme ça, si ils ont plus l’eau, plus le chauffage… j’aime ce côté magique du métier. »


Alexia, paysanne en herbe
« Si j’ai choisi cette activité, c’est pour être proche de la nature, pour la sensation de liberté que ça procure. C’est aussi pour l’apaisement apporté par la cueillette sauvage.
(Depuis quand tu as ce rapport proche de la nature ?)
Quand j’étais petite, déjà je ramassais les sacs plastiques qui trainaient.
Avant d’étudier j’ai fait des petits boulots femme de chambre, Mac do…, puis j’ai repris mes études, un BTS protection et gestion de la nature.
Aujourd’hui, j’ai envie de continuer à me former et surtout avancer ensemble, dans le collectif.
Aussi pour avoir du temps pour moi, pour garder la spontanéité envers les plantes, le plaisir dans mon activité. »
Marie-France, ethnologue
« J’ai choisi de travailler sur le sujet de la Lunade, ça m’intéresse depuis longtemps. J’y participe régulièrement depuis environ vingt ans… c’est assez étonnant cette procession de six-sept kilomètres !
Pourquoi cette procession, au soltice, en l’honneur de saint Jean, s’appelle Lunade ? C’est la grande question ! Il y a beaucoup de procession la nuit, c’est pas pour ça qu’elles s’appellent Lunade ….
C’est pourquoi je suis partie faire une enquête antropologique, dans les gestes, les rites.
Les gestes, les rites, ils se transmettent, ils apprennent beaucoup plus que les textes. »


Lucille, étudiante herbaliste
(Pourquoi les plantes ?)
« Ça me suit depuis le début de mes études (antropologie), c’était autour des fermes bios, du local…
J’avais commencé un mémoire sur la relation des hommes aux plantes, sur la transmission du savoir sur les plantes, de génération en génération.
Actuellement je termine une formation d’herbaliste dans les hautes pyrennées.
Cette construction (ndrl. Sur la photo) est destinée à faire des semis et des séchage de plantes, à but personnel.
Après ma formation j’aimerais travailler en cueillette sauvage et fleurs fraîches à consommer, je souhaite être dans le côté gustatif direct.
Je me sens bien quand j’ai les mains dans la terre, même si c’est dur. Je ne vois pas le temps passer, je suis trop bien dehors. »
Nathalie, Productrice de fleurs séchées
En travaillant dans la nature, j’ai retrouvé la sérénité.
On est là pour améliorer le paysage.
Ma grand-mère cultivait des fleurs séchées pour les baptêmes, les communions… Et là les mariées m’en demandent.
Mes ancêtres à Chaunac étaient dans l’agriculture, pour moi aujourd’hui c’est un retour aux sources.
Il y a un côté attirant avec la terre, c’est pas qu’une histoire d’apesanteur, c’est la base.
Clairement pour moi, ma religion c’est la terre mère .
Depuis longtemps je collectionne des trucs de vierges, parce que j’aimerai plus de représentation de cette « terre mère ».

Ces photographies (ci-après) prises sur le chemin de la procession en juin 2022, accompagnent ces portraits. Pour l’exposition, elles sont disposées en croix, non loin des saynètes anachroniques.



Vue de l’exposition, Cloître de Tulle, 2022.

Lien vers la série complémentaire : Saynètes anachroniques